Le Jardin aux Etoiles
Riad entre Agadir et Taroudant, au sud du Maroc
Location de vacances chez un résident suisse
Inzerki, plus grand rucher traditionnel du monde
Considéré comme le plus grand rucher collectif du monde, et sans doute le plus ancien, le rucher d'Inzerki, construit sur six étages, est un trésor du patrimoine berbère. Il est pourtant demeuré un but d'excursion confidentiel. L'aménagement actuel date du milieu du 19e siècle. Construit en terre, en pierre et en bois, le "taddart" d'Inzerki a été presque totalement détruit dans les années 90. Reconstruit en 2005, il n’abrite plus que très peu de ruches en activité dans les centaines de casiers qui le composent. Brahim, le gardien, vous y accueillera.
Selon Gooogle Maps, il faut compter 2 heures 50 de route pour se rendre du Jardin aux Etoiles à Inzerki, en sortant de la route nationale qui mène à Marrakech par Tazarine.
Construite sur le rocher du même nom, d'où l'on jouit d'une vue panoramique englobant le lac du barrage Abdelmoumen, l'auberge Zolado constitue un point de chute idéal, dominant la route nationale. On peut y manger, soit à midi, soit même le soir. Prévenir la veille (numéro de téléphone et adresse courriel ci-dessous).
Un chemin plus court
Il existe toutefois un chemin plus court. Il faut sortir de la route nationale un peu plus loin, à Argana, sans toutefois qu'un panneau qui serait utile n'indique la direction d'Inzerki, puis emprunter le chemin qui passe sous l'autoroute.
La piste est assez roulante, mais n'est pas reconnue par Google Maps, ce qui explique l'itinéraire par Tazarine. Un 4 x 4 n'est pas indispensable, sauf s'il a plu durant les jours précédents, ce qui rend la terre de l'Atlas molle, donc dangereuse. La prudence est néanmoins recommandée. Après 10 km, un panneau en mauvais état indique le site.
Quel que soit votre itinéraire, le parcours est superbe : terre rouge foncé, végétation luxuriante, douars typiques, djebels impressionnants. A l'arrivée, stationner son véhicule en contrebas de la route. La maison du gardien, Brahim Chtoui, se situe à quelques centaines de mètres. Il est recommandé de le prévenir de votre visite avant d'entreprendre le déplacement.
Un miel d'une qualité très recherchée
Brahim explique volontiers l’histoire, le fonctionnement du rucher, ainsi que les plantes et fleurs de la région.
Depuis des temps immémoriaux, un groupe important d'apiculteurs berbères a pratiqué l’apiculture de manière nomade. Les ruches étaient déplacées au gré des floraisons, des sécheresses et de l’altitude, afin qu'elles soient propices au travail des abeilles. La quantité de la récolte était ainsi accrue. Le miel produit atteignait une qualité très recherchée.
Le fait de se regrouper chaque année au même emplacement incita ces apiculteurs à rassembler leurs ruches et à créer un lieu permanent. On peut établir un parallèle entre ces ruchers collectifs et les agadirs (igoudar au pluriel), que l'on trouve nombreux dans l'Atlas et l'Anti-Atlas proches, comme ceux d'Imchguiguiln et d'Ikounka ou encore celui d'Amassa. Ces greniers collectifs fortifiés étaient destinés à protéger l'existence des populations berbères, leurs récoltes, les petits troupeaux et même les abeilles des incursions des tribus voisines et des voleurs.
Jusqu'à 3'000 ruches
A Inzerki, quelque 80 familles disposaient de cases, divisées chacune en quatre étages de dimension égale, avec un espace libre, un peu plus grand, situé au-dessus. L’espace du dessous et celui du dessus servent à la ventilation et à l’écoulement de l’eau de pluie.
L’essaim d’abeilles est placé dans une ruche qui a la forme d’un long cylindre, fait de roseau tressé ou d'écorces. Les extrémités sont bouchées par un disque de bois de palmier ciselé comportant des symboles d'identification correspondant à chaque propriétaire. Un petit trou est aménagé pour l’entrée et la sortie des insectes. Un seul de ces cylindres est placé par étage, en quinconce, ce qui donne trois ruches par case.
Quand le cylindre est rempli de miel, l’apiculteur débouche l’avant et colmate entièrement la cellule, donnant un nouvel espace où les abeilles peuvent développer les rayons. L’étanchéité des cylindres et de la cellule est réalisé avec de la boue ou de la bouse de vache séchées.
Chaque famille disposait de plusieurs cases. Au moment où l’activité fut la plus soutenue, Inzerki comptait quelques 3'000 ruches. Au principal rucher s'ajoute, à droite et à 400 mètres de distance, un second rucher qui abrite une cinquantaine de compartiments où on pouvait loger 600 ruches.
Si l’on considère que chaque ruche contenait de 40'000 à 50'000 abeilles, on arrive à une population totale de 120 à 150 millions d’abeilles qui travaillaient dans cet immense rucher, ce qui devait provoquer un vrombissement audible à plusieurs kilomètres !
Effondrement et abandon
Malheureusement, en 1990 puis en 1996, de fortes crues ont endommagé le trésor d'Inzerki. De nombreuses cases se sont effondrées. Le site a été abandonné au profit de ruches modernes, faciles à déplacer en cas de nécessité.
Le rucher d'Inzerki a été restauré en 2006 avec le soutien de l’USAID (Agence des États-Unis pour le développement international), dans le cadre du développement du tourisme rural. Il avait fait déjà l’objet de rénovation en 1980 avec l’aide d’une association française et par la suite en 1996 avec le soutien de l’Unesco. Malgré ces tentatives de réhabilitation, le rucher n’a pas encore retrouvé son activité d’antan. Il a besoin de nouvelles réparations, qui sont prévues.
Quoi qu'il en soit, les constructions rénovées ne répondent plus au modèle d’origine. On utilisait à l'époque du thuya, réputé pour sa résistance et son imputrescibilité, mais cher. Les réparations ont été faites avec de l’eucalyptus, nettement moins performant. L’eau de pluie est en outre difficile à évacuer. L’entrepreneur qui a réalisé les travaux n’était tout simplement pas qualifié en apiculture traditionnelle.
On compte seulement huit familles qui utilisent encore aujourd’hui le rucher. Dès que les fonds seront suffisants, l’Association Taddart Inzerki compte lancer une campagne de restauration du rucher dans les règles de l’art.
Le gardien offre le thé à la menthe, la dégustation du miel et de l’amlou, le Nutella des Berbères. Il préférerait la visite de davantage de touristes, pour leur vendre du miel et les sensibiliser à la survie de ce site exceptionnel. Avant de partir, n'oubliez pas Hassan et son association !
Le pays où coule le miel
La région est une contrée apicole par excellence. Elle produit le miel considéré comme le meilleur du Maroc. Le site d'Inzerki combine par exemple de nombreux avantages : versant Sud bien ensoleillé et tranquille, altitude de 980 mètres, climat relativement stable sur toute la belle saison, abondance de plantes et de fleurs mellifères qui fleurissent successivement : thyms représentés par diverses sortes, lavandes, arganiers, amandiers, palmiers, fleurs de montagne.
La vente de miel constitue souvent l’unique source de revenu des familles locales. C'est pourquoi ces dernières ont créé une coopérative afin de mieux gérer cette ressource vitale héritée de leurs ancêtres.
Début juillet a lieu chaque année la Fête du miel à Imouzzer. Cette rencontre conviviale entre population locale et touristes est destinée à démontrer le potentiel dont dispose la région. A 1 h 40 d'Inzerki.
Pour manger : Auberge Zolado
tel. +212 661 171 906
Pour visiter : Brahim Chtoui, président de l’Association Taddart Inzerki pour le développement et la coopération
Tél : +212 673 907 964 ou +212 640 16 54 71
Photo Extrem'sud
Photo Marc d'Haënen
Photo Extrem'sud
Photo musée_du_miel/Flickr
Voilà qui explique la longévité du rucher d'Inzerki.
En mauvais état, il indique l'arrivée !