Le roi du Maroc Mohammed VI vient des donner des instructions afin que l'enseignement de l'islam renforce les valeurs de tolérance et d'ouverture aux autres cultures. C'est ce qu'indique en résumé un communiqué du Palais royal. Le souverain chérifien s'est aussi prononcé pour l'adaptation de l'islam au contexte actuel.
Pour le roi Mohammed VI, il convient de réviser l’enseignement religieux en modifiant les programmes et les manuels, aussi bien dans le secteur public que privé et l’enseignement originel.
Le but, selon le Palais royal : « accorder une grande importance à l’éducation aux valeurs de l’islam tolérant, dans le cadre du rite sunnite malékite, qui prônent le juste milieu, la modération, la tolérance et la cohabitation avec les différentes cultures et civilisations humaines ».
En fonction de l'époque dans laquelle on vit
Qu'est-ce que le juste milieu dans l'islam ? Selon un ouléma (docteur de la loi) de la Rabita Mohammadia, le juste milieu et la modération sont basés sur la maîtrise du sens du texte et du contexte. Plus concrètement, « une implémentation d’une loi ou d’une législation religieuse doit être élaborée en fonction de l’époque dans laquelle on vit afin d’éviter les extrémismes de tous bords ».
En mars 2015, le Maroc a créé l’Institut Mohammed VI de formation des imams, un nouvel établissement à même d'accueillir 1'000 imams marocains et étrangers, des pays arabes, africains et européens, pour les former à un "islam du juste milieu".
Ouverture aux dernières nouveautés
Le communiqué diffusé par le Palais royal précise aussi que Mohammed VI a souligné l’importance que les programmes et manuels soient fondés sur « [...] l’identité nationale unifiée, riche de la diversité de ses composantes, ainsi que sur l’interaction positive et l’ouverture sur la société du savoir et les dernières nouveautés ».
Des exemples d'intolérance sous un habillage religieux
Aux yeux des défenseurs de la liberté de conscience, un pas en avant important vient d'être franchi. Fettah Bennani, président de l'Association de promotion des libertés individuelles Bayt Al-Hikma, salue l'intervention royale.
Il est d'avis que "les manuels scolaires en général, et ceux d'éducation religieuse en particulier, sont envahis par les références et les exemples d’intolérance et d’incitation au racisme et à la haine, sous un habillage religieux".
Stricte neutralité demandée
Selon Fettah Bennani, "il faudrait exiger des enseignants une stricte neutralité car ils sont payés par le contribuable, non pas pour enseigner leurs propres croyances, mais pour enseigner le programme établi par l'éducation nationale".
Le président de l'Association souhaite aussi que les questions sur les croyances des élèves soient bannies en classe.
"On n'a pas à demander à un enfant s'il jeûne pendant le Ramadan ou s'il fait sa prière. Cela relève de sa liberté individuelle", estime-t-il.