Alors qu'on fait généralement remonter la naissance d'Agadir à l'an 1505, lorsqu'un gentilhomme portugais, João Lopes de Sequeira, fit construire un fortin nommé Santa Cruz du Cap Ghir (ou de Gué) un peu au nord de la ville actuelle, on sait moins que les Portugais érigèrent une petite forteresse au Rocher du Diable, à Imourane, au nord d'Agadir, dont on voit encore les traces aujourd'hui.
Ainsi que le montre la photo ci-dessus, les vestiges de cette forteresse se présentent sous la forme de murs qui ont subsisté dans la partie supérieure du fameux rocher. Appelé aussi Devil's rock, très apprécié des surfeurs, celui-ci s’étend dans la mer sur une longueur de 50 mètres sur 55. Ce site est aussi connu pour son moussem et l'ancienne tradition qui s'y rattache, ainsi que sa fantasia.
Dommage...
Cette forteresse, qui jouait le rôle d'un avant-poste, était défendue d'un côté par l'océan, de l'autre par des fortifications dont on peut voir les fondations et les rangées inférieures, y compris le seuil de la porte d'entrée. Elle était équipée de canons et d’armes à feu. A l'époque, l'eau devait l'entourer entièrement.
Aucune indication ne mentionne l'importance historique de ces traces. C'est d'autant plus dommage qu'il ne reste rien du fortin de Santa Cruz du Cap Ghir, considéré par les historiens comme la pierre fondatrice d'Agadir, vendue au roi du Portugal en 1513. D'où la domination de ce pays qui s'établit sur la région.
Une histoire d'amour
La forteresse d'Imourane se nommait à l'époque Ben Mirão. Tout comme Imourane, cette dernière appellation pourrait provenir du nom Mourane, ancienne divinité berbère symbolisant l'amour, ou d'Amourrane, qui signifie résistance. Elle pourrait aussi dériver du pluriel Imri, qui signifie amant dans le dialecte local.
On pense que la possession de Ben Mirão par les Portugais a été courte. Elle ne figure en effet pas dans les archives de l'achat du fortin de Santa Cruz, en 1513, par le roi Manuel du Portugal, de qui dépendait Ben Mirão.
Lorsqu'ils s'attablent, au Kilomètre 14, au restaurant Chez Brahim ou Chez Outman, deux bonnes tables situées à quelques pas des vestiges de Ben Mirão, les amateurs de poissons et de fruits de mer ne se doutent pas qu'ils foulent un lieu chargé d'histoire...