Le moussem d'Imourane, à 14 km au nord d'Agadir, dans le Pays du Souss, se déroule chaque premier week-end du mois de septembre. Cette fête traditionnelle locale vaut la peine d'être vue. On peut en effet y assister à la survivance d'une très ancienne tradition réservée aux jeunes filles cherchant mari, ainsi qu'à une formidable fantasia, cavalcade effectuée dans le décor magnifique de la plage, au pied du Rocher du diable.
Même si la pratique est quelque peu acrobatique, de nombreuses jeunes femmes viennent se prêter à une tradition qui remonterait à la nuit des temps.
Elles se pressent autour du trou «magique» situé sur le célèbre rocher et s’exposent aux embruns de sept vagues successives, dans l’espoir que cet exercice leur apportera un prochain mariage, le bonheur conjugal et la fertilité. Des you-yous s’élèvent à la sortie de chaque fille de ce trou, de l’autre côté du rocher.
Une fête populaire
La foule est dense non seulement sur le rocher, mais aussi aux alentours. Les marchands, musiciens et colporteurs côtoient les étals des bouchers et les boutiques des rôtisseurs. Les tajines cuisent sur les fourneaux au charbon de bois. Les boutiques improvisées du marché proposent toutes sortes de babioles, jouets pour enfants, herbes odorantes, encens, ou encore vêtements à bas prix.
La fantasia qui se déroule sur la plage attire de nombreux amateurs, désireux d’admirer le spectacle offert par d’élégants cavaliers armés de leur fusil traditionnel (voir notre vidéo ci-dessous).
Il s’agit d’une fête traditionnelle pour les habitants de la région. Bien peu de touristes y assistent.
Ce moussem s’inscrit dans la succession de celui dit Almoggar d’Imourane. que les tribus des Ida Outanane ont célébré des siècles durant, pour marquer la fin des récoltes et des cueillettes.
Ahmed Saber, doyen de la faculté des lettres d’Agadir, fait observer qu'il renvoie aussi historiquement au début du 16e siècle, qui marque le début et la fin de l’occupation portugaise du fortin d’Agadir et de la forteresse qui se dressait sur le Rocher du diable à Imourane.
Les tribus locales ont fini par l'emporter sur l’occupant portugaise au terme d’une série de batailles qui leur ont permis de récupérer les champs fertiles attenants, connus pour la qualité des carottes qui y étaient cultivées. Cette victoire aurait été ensuite associée dans l’imaginaire populaire à une considération particulière pour le rocher d’Imourane.
Quel avenir ?
Certains s'interrogent sur l’avenir du moussem d’Imourane dans le paysage touristique local, vu le début de l'aménagement de la station balnéaire et golfique de Taghazout, le long d’une côte de près de 100 km de plages, abritant des spots de glisse de réputation mondiale.
Et si c'était tout au contraire le début d'une nouvelle tradition alliant célébration traditionnelle et tourisme respectueux qui pays qui l'accueille ?