La Kasbah d'Agadir, qui domine la ville, plonge ses racines dans le passé, jusqu'en l'an 1572, lorsque le fils de cheikh Mohamed Essaadi, libérateur d'Agadir, en ordonna la construction, craignant le retour des Portugais. Détruite par le tremblement de terre de 1960, elle est quasiment abandonnée à son sort depuis 58 ans, bien qu'elle n'ait cessé d'être visitée. Mais elle va bientôt renaître, très vraisemblablement sous la forme d'un parcours historique qui permettra aux visiteurs de comprendre l'histoire de la cité.
Une rencontre vient d'avoir lieu à Agadir, réunissant scientifiques, architectes, politiques et représentants de la société civile. Articulée autour de trois tables rondes, elle a abouti à la création d'un comité scientifique qui devra présenter le projet définitif pour faire revivre le site d'Agadir Oufella, ce qui signifie, en langue berbère, "Agadir d'en haut".
Dès lors que l'ancienne citadelle est interdite à la construction, vu les risques sismiques, la construction d'un musée, qui avait un temps été évoquée, ne peut être retenue.
Les remparts, eux, ont certes survécu partiellement au séisme de 1960, et aussi à celui de 1755, mais ils ont été endommagés et partiellement reconstruits à la hâte.
Le projet dans son état actuel consiste à en assurer la restitution. Il s’agit d’une reconstruction autant physique qu'intellectuelle, qui se doit d'être aussi fidèle que possible. ‘"Pour cela, indique l'architecte et anthropologue Salima Naji (voir vidéo ci-dessus), il faut recueillir toutes les informations matérielles fiables pour élaborer un plan, des façades, une volumétrie. Il s’agit aussi de retrouver les matériaux, les spécificités architecturales, historiques".
Un premier outil très utile est d'ores et déjà à disposition. Il s'agit de la numérisation de la Kasbah dans son état actuel, effectuée par Mehdi Benssid, que le grand public peut d'ores et déjà consulter.
Sur des platelages de bois
Pour ne pas déranger les sépultures des victimes du tremblement de terre qui se trouvent encore dans le sol de la Kasbah, le parcours historique envisagé sera installé sur des platelages de bois ou d'un autre matériau qui, selon le professeur Mohamed Bajalat, président de l’Association Izorane N’Agadir, devraient suivre le dessin des ruelles disparues. La signalétique comprendra photos d’archives et informations sur les "couches historiques de la ville", riches et méconnues. Celles-ci n'omettront pas "les échanges avec le Portugal, les Iles Canaries, le vaste monde et le débouché du commerce transsaharien".
L'idée a aussi été retenue de proposer aux visiteurs de pouvoir suivre les fouilles et le chantier de reconstruction qui n'auront pas été terminés. La Faculté des lettres de l'Université d’Agadir est associée au chantier pour donner des possibilités de médiation culturelle à ses étudiants, voire de les transformer en guides ou en animateurs.
Budget
Une convention conclue entre la Commune d’Agadir, la Région Souss-Massa, le gouverneur, le ministère de la Culture, le forum Izorane N’Agadir et l’Association des habitants originaires de la Kasbah prévoit un budget de l’ordre de 30 millions de dirhams (moins de trois millions d'euros). L'ambassade des États-Unis au Maroc a pour sa part annoncé un don de 150'000 dollars.
Cette convention et d'autres projets faisant partie du Plan de développement intégré (PDI) d'Agadir devraient être signés à l'occasion de la prochaine visite royale.
Voir la confirmation du financement de ce projet sous Agadir : bus à haut niveau de service, route de contournement, musée, circuits touristiques, parcs