C'est une grande dame. En assurant la promotion de techniques trop souvent oubliées, l'architecte et anthropologue Salima Naji fait revivre l'ancestral patrimoine bâti marocain. Ecoutez-la dans la vidéo ci-dessus, évoquer son parcours et ses projets, chez elle à Tiznit. La Franco-Marocaine vient de sortir un livre fort, intitulé "Pour une éthique de la préservation/Architectures du bien commun". Un cadeau de fin d'année pour tous les amoureux du Maroc.
Tout au long de ses 240 pages, cet ouvrage constitue une réflexion sur près de vingt années de projets et de recherche, mais aussi d'action.
Pour Salima Naji, "les communautés de l’Atlas et du Sahara marocains représentent une source d’inspiration pour une réflexion sur la durabilité des constructions contemporaines. Dans les oasis ou encore les greniers collectifs, incarnations du bien commun, c’est le savoir-faire de solidarités historiques qui se manifeste."
Convaincu de l'utilité de l'immense travail en profondeur de l'architecte franco-marocaine, j'ai à de nombreuses reprises souligné et montré sur ce site la valeur de son action en profondeur.
Celle-ci se manifeste par exemple dans l'extraordinaire site d'Amtoudi, dans l'Anti-Atlas, où elle a dirigé la rénovation des greniers fortifiés et perchés d'Id Aissa et d'Aguelly. Salima Naji a aussi frappé à Aït Ouabelli, entre Tata et Icht, dans l'Anti-Atlas, où elle a signé la construction d'un centre culturel en pierres sèches.
Sa ville d'adoption de Tiznit lui doit la réhabilitation du cœur de la médina, et en particulier de la Source bleue, dans l'attente de l'inauguration du musée dont l'enveloppe extérieure est terminée, et qui doit encore recevoir sa muséographie, qui pourrait être formidable si le projet envisagé est réalisé. Regardons Salima Naji en parler dans la vidéo ci-dessous.
A Agadir aussi
On a également fait appel à Salima Naji pour imaginer la réhabilitation de l'ancienne Kasbah d'Agadir, détruite par le terrible tremblement de terre de 1960 et où l'on imagine la création d'un parcours historique.
En s’appuyant sur ces expériences de chantier menées au Maroc, et d'autres encore, largement relatées dans l'ouvrage qui vient de paraître, Salima Naji "montre qu’il est possible de sortir des logiques globales et nocives, dont l’omniprésence actuelle du béton est l’expression la plus évidente".
Le même esprit au Jardin aux Etoiles
Le Jardin aux Etoiles lui-même a été construit il y a dix ans dans cet esprit, privilégiant le pisé, c'est-à-dire la terre crue, qui assure fraîcheur à la saison chaude et une certaine douceur lorsqu'il fait plus froid, entre autres mesures écologiques favorables à l'environnement.
L'ouvrage de Salima Naji "Architectures du bien commun" peut être commandé chez Metis Presses à Genève, au prix de 20 € (ou 22 CHF).