Rita Bennis est à nouveau propriétaire de la Gazelle d'Or, le mythique palace de Taroudant. Au terme d'un marathon judiciaire de cinq longues années, alors qu'elle semblait avoir perdu la partie, la justice marocaine vient de la rétablir dans son honneur et sa propriété. En décembre dernier, la Cour d’appel de Casablanca a en effet annulé le jugement prononcé en 2014, en première instance, par le Tribunal de commerce d’Agadir, qui lui avait retiré la totalité de ses actions. Il reste que la réouverture de l'ancien palace ne sera pas une sinécure... si elle intervient un jour. La Gazelle d'Or est en effet délabrée.
La décision de la Cour d’appel de commerce de Casablanca est tombée le 19 décembre dernier. Elle a certes annulé le jugement de première instance qui avait dépossédé Rita Bennis de ses droits. Mais elle a aussi déclaré "irrecevable" la demande de Mishaal Adham, fils de feu Kamal Adham, qui s'opposait à la Franco-Marocaine. Cette irrecevabilité crée une incertitude juridique au cas où la Cour d'appel n'aurait pas voulu trancher sur le fond du litige, ce qui pourrait permettre de réintroduire la requête des héritiers.
La Cour de cassation s'était également rétractée d'une décision qu'elle avait elle-même prononcé en 2015. Puisque l'ami de Rita Bennis, Kamal Ibahim Adham, n'avait, de son vivant, déclenché aucune action contre celle-ci, ses héritiers, avait-elle tranché, n'ont aucune qualité pour réclamer la propriété des actions.
Quoi qu'il en soit de ces aspects juridiques, Rita Bennis célèbre sa victoire. "Je retrouve de plein droit la propriété de la Gazelle d'Or", a-t-elle déclaré au site Medias24 (voir la vidéo ci-dessus). Elle se dit réjouie de cette décision qui rétablit son "honneur".
50 millions de dirhams de passif
Celle qui, en 34 ans d'efforts, a fait de la Gazelle d'Or un palace connu dans le monde entier est néanmoins amère. Au terme de cinq années de procédure judiciaire, l'hôtel a non seulement subi des dommages considérables, mais elle se retrouve avec une dette de 50 millions de dirhams (un peu moins de cinq millions d'euros).
Pourquoi ces 50 millions de passif ? Parce que, selon la loi marocaine, toutes les opérations effectuées par Mishaal Adham ont été réalisées au nom de la société. En tant que propriétaire rétablie dans ses droits, c'est donc Rita Bennis qui doit les assumer. Il en résulte 30 millions de dirhams de dettes, 10 millions d’impôts non payés, 1,5 million dû à la CNSS (Caisse nationale de sécurité sociale), ainsi que diverses autres taxes demeurant à régler.
Les employés, qui n'étaient plus payés, ont démissionné et intenté un procès à la société. Celle-ci leur est redevable de quatre millions de dirhams». Cerise sur le gâteau, si l'on peut dire, le stock a été pillé.
De surcroît, aucune assemblée générale n'a siégé et aucun bilan n'a été réalisé. Le gâchis signé d'Adham junior est énorme.
Nouveau départ ?
Rita Bennis entend relancer la Gazelle d'Or. Mais auparavant elle doit assainir la situation financière qu'elle hérite. Elle a déclaré au site Medias24 qu'elle entend démontrer aux impôts qu'elle était dans l'impossibilité d'agir depuis 2014, puisqu'on l'avait chassée de la Gazelle d'Or en 2014 et que les tribunaux de Marrakech et d’Agadir lui avaient enlevé ses actions.
Si elle devait parvenir à remettre son "bébé"en état, Rita Bennis souhaiterait conserver le même concept de palace exclusif mais, ajoute-t-elle mystérieuse, "sous une autre formule", la clientèle ayant changé en cinq ans. Qui vivra verra.
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