Le déclin de Volubilis commença lorsque les Romains se replièrent sur Tanger, sous la pression des peuples berbères, vers la fin du IVe siècle. La région est pillée par les Vandales au Ve siècle puis ravagée par les guerres de reconquête byzantine au siècle suivant. La ville est donc en ruine lorsque les Arabo-musulmans prennent pied au Maroc à partir du VIIe siècle.
Pendant une brève période, la ville devait devenir la capitale d'Idriss Ier, fondateur de la dynastie des Idrissides, enterré non loin de là, à Moulay Idriss. Mais Fès supplanta l'ancienne ville romaine.
Volubilis a longtemps servi de carrière. Les matériaux utilisés pour l'édification des principaux édifices de Meknès ont été tirés de ses monuments. Au XVIIIe siècle, le grand sultan alaouite Moulay Ismaïl, bâtisseur et sanguinaire, souvent comparé à Louis XIV (première photo), n'hésita pas à piller les richesses de Volubilis pour construire son propre palais à Meknès. Une des portes de l'enceinte du palais impérial, Bab Mansour (deuxième photo), est ornée de colonnes du plus beau marbre et de chapiteaux corinthiens de haute qualité. Selon M'Hamed Alilou, conservateur adjoint du site, le sultan aurait envoyé des milliers d’esclaves s’emparer du marbre et de colonnes de la cité antique. Ayant appris sa mort, ils prirent la fuite, abandonnant des chapiteaux au bord du chemin qui mène à Meknès.
En 1755, le puissant tremblement de terre de Lisbonne se fit sentir jusqu'à Volubilis, et lui donna le coup de grâce. Volubilis tomba dans l’oubli… sauf pour certains amateurs de marbre et de statues romaines.
Le Protectorat français est propice, dès 1915, à l'ouverture de travaux archéologiques et de restauration, à l'initiative du fameux Hubert Lyautey. Les nombreuses découvertes d’objets exceptionnels nécessitèrent l’organisation d’un service des Antiquités, qui fut créé officiellement en 1918 et qui donna naissance au Musée archéologique de Rabat. Mais cette période est aussi marquée par un regain de pillages. Si bien que l'on retrouve encore aujourd'hui des pièces exhumées à Volubilis dans les collection du Musée du Louvre, à Paris.
En 1982, une statue en marbre de Bacchus, dieu du vin dans la mythologie romaine, disparaît. Le roi Hassan II s'en alarme et dépêche des gendarmes interroger les habitants des environs. Sans succès. La précieuse statue ne sera jamais retrouvée. En 2006, une mosaïque est partiellement arrachée, puis un homme est arrêté alors qu’il tentait de voler une pièce en bronze de l’époque romaine.
Aujourd’hui, le site est clôturé, entretenu et bien surveillé par des gardiens et des caméras.
Le devant de la structure du Capitole (première photo) a été rétabli, dans un cadre naturel sublime, qu'encadrent à droite mes chers cyprès. Voici (deuxième photo) l'allure très classique que ce temple avait à l'époque.
L'an 2013 a marqué l'éclatante renaissance de Volubilis. Un ensemble muséal de style épuré, moderne dans sa forme comme dans son organisation, a été inauguré. Voulue par le Ministère marocain de la culture, la mise en valeur du site a été imaginée par l'atelier Kilo Architectures.
Le musée proprement dit, financé par l'UNESCO, se présente sous la forme de volumes de bois disposés le long d'un mur de soutènement (première photo). A la fois enterrées et suspendues (deuxième photo), ces constructions se fondent dans le paysage. Elles ne doivent réduire en rien l'impact visuel spectaculaire des ruines, que le Ministère entend conserver, à raison. Les lignes du bâtiment principal sont pures et d'une grande sobriété (troisième photo).
Le musée comporte deux étages. On peut y admirer des sculptures en marbre d'une grande finesse (première photo), des pierres tombales (deuxième photo), des chapiteaux, des stèles votives et des reconstitutions en 3D.
Un centre d'interprétation fournit quantité d'informations sur Volubilis. Il a été réalisé par l'agence de design graphique Robaglia, de Paris.
Le Maroc tient à préserver ce site touristique désormais très couru, qui attire quelque 300'000 visiteurs annuels. Un tiers de la surface de Volubilis, notamment la partie ouest correspondant à la période islamique, n’a pas encore été fouillé et pourrait réserver nombre de découvertes.
Quelques-unes des plus belles découvertes faites à Volubilis se trouvent exposées au Musée archéologique de Rabat. C'est notamment le cas de ce magnifique bronze représentant le roi de Maurétanie Juba II (première photo), qui aurait été réalisé au début de son règne, à la fin du premier siècle avant Jésus-Christ. Considéré comme un autre chef-d'oeuvre, l'éphèbe versant à boire de la deuxième photo porte une couronne de fleurs. Quant à la troisième photo, elle montre le dieu Bacchus sous les traits d'un adolescent dont les yeux devaient être plaqués d'argent.
Volubilis subsiste enfin dans nos jardins sous la forme de la fleur admirable qui porte son nom, aussi appelée Liseron bleu (première photo), et qui se multiplie particulièrement bien dans la contrée de l'antique cité de la Maurétanie tingitane.
J'avais photographié sur le site même les fleurs de la dernière image, pensant qu'il s'agissait de volubilis. En réalité, ce pourrait être un convolvulus althaeoides... qui appartient toutefois à la même famille que le Volubilis. Pour en avoir le cœur net, j'ai posé la question par courriel au responsable du site Biodiversité végétale du Sud-Ouest marocain. Pas de réponse.
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