Les élections communales ont eu lieu vendredi dernier. La campagne électorale (photo ci-dessus, les symboles attribués aux partis, commme le lion qui désigne le Parti libéral) a été marquée par le désintérêt de nombre de Marocains. Le taux de participation a toutefois dépassé les pronostics : 52,4 % des inscrits se sont déplacés aux urnes. Outre le parti des absentionnistes, le vainqueur est le PAM (Parti authenticité et modernité), proche du roi Mohamed VI.
Créé il y a un an seulement, le PAM est piloté par Fouad Ali El Himma (photo ci-dessus), ancien ministre délégué à l’Intérieur et élu président du Conseil municipal de Benguerir (Province de Kelaat Sraghna). Passé à l'opposition il y a quelques semaines, il prive le gouvernement actuel, mené par Abbas El Fassi (Istiqlal-PI), d’une majorité au Parlement.
Le PAM réussit l'exploit de recueillir 21,7% des sièges, devant les conservateurs du PI (19,1 %), les libéraux du Rassemblement national des indépendants (14,8%) et les socialistes de l'USFP. On constate que ces résultats correspondent assez largement au nombre de candidats présentés, ce qui corroborerait assez largement la théorie selon laquelle le succès des partis marocains dépend avant tout de leur organisation.
Taux de participation calculé sur les inscrits
Le taux de participation atrteint 66 % auprès des jeunes de 18 à 25 ans. Le monde rural a presque voté autant que les villes. Il faut toutefois souligner que cette participation est calculée sur les 13,36 millions d'inscrits, ce qui signifie que seuls quelque 7 millions de Marocains se sont rendus aux urnes, alors que les personnes en âge de voter doivent avoisiner les 20 millions (c'est une estimation personnelle).
Par ailleurs, le pourcentage des bulletins nuls atteint 11 %, ce qui paraît énorme mais s'explique, entre autres, par la forte proportion d'analphabétisme. Les bulletins de vote sont exclusivement en arabe. Une Franco-Marocaine, Farida Lamrani, raconte les obstacles qu'elle a rencontrés en votant à Casablanca.
On signale aussi de nombreux accrocs aux principes démocratiques. L'achat de votes n'est pas un événement exceptionnel... Je lis qu'un cas de flagrant délit a été constaté à Dcheira, dans la banlieue d'Agadir. Mais ce n'est qu'un exemple parmi beaucoup d'autres.
Dans la région Souss Massa Drâa, qui a voté à raison de 57 %, le RNI arrive en tête (889 sièges), suivi du PI (734), du PAM, qui ne se présentait que dans un nombre de communes restreint (695) et de l'USFP (431). Le Mouvement populaire et les islamistes modérés du PJD enregistrent un faible score.
A Agadir, le maire sortant socialiste Tariq Kabbage (ci-dessus) est reconduit dans ses fonctions. La liste de l'USFP a recueilli 27 % des voix. On reconnaît au maire sortant d'avoir beaucoup oeuvré dans le sens de l'embellissement de la ville (voir Agadir : promenade nouvelle et superbe en bord d'océan) et je suis aussi de cet avis. Le Rassemblement national des indépendants (RNI) termine en deuxième position, avec 11% des suffrages.
A Ouled Teima
A Ouled Teima, le RNI l'emporte, distançant largement son éternel rival local, l'Istiqlal. Le PJD obtient une bonne troisième place et devait être l'allié du RNI pour former une nouvelle majorité. Mais l'appétit des "barbus", qui entendaient accéder à la présidence, les a discrédités. D'où une alliance entre les deux anciens rivaux du RNI et de l'Istiqlal, le premier conservant la présidence, qui continue d'être assumée par Mohammed Bouhdoud Boudlal (voir Mariage marocain ou salle d'attente richement décorée ?). Je ne connais pas encore les résultats de ma petite commune de Sidi Boumoussa.
A Taroudant, où le taux de participation a grimpé à 67 %, l'Istiqlal arrive en tête, suivi du RNI. Les socialistes au pouvoir s'effondrent. Le PJD n'atteint qu'un score modeste.
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