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Photo du rédacteurJean-Luc Vautravers

Kasbah d'Agadir : démarrage des travaux de réhabilitation pour en faire un haut-lieu incontournable

Dernière mise à jour : 25 mars


Les pelles mécaniques sont à l'oeuvre pour réhabiliter les murailles de la Kasbah d'Agadir. Photo Agadir Première

Dominant spectaculairement la cité du haut de son promontoire, l'ancienne Kasbah d'Agadir avait été détruite lors du tremblement de terre de 1960. Les travaux en vue de sa réhabilitation ont commencé, malgré le ralentissement général des activités dû au Covid-19. Il est vrai que ce projet fait partie de l'impressionnant Programme de développement d'Agadir annoncé par le roi Mohammed VI le 4 février dernier. Or une promesse royale se doit d'être tenue, coûte que coûte. Sinon des têtes tombent... Les pelles mécaniques sont donc à l'oeuvre.


Objectif final : faire revivre ce lieu très symbolique, chargé de souvenirs douloureux, mais aussi d'une histoire de six siècles au moins, en créant, pour les visiteurs, un parcours historique que nous avions évoqué à fin 2018, et qui est confirmé. La forteresse deviendra alors un haut-lieu touristique, incontournable, d'Agadir.


Salima Naji devant le chantier en cours (photo-montage Le Jardin aux Etoiles)

Ce chantier est mené de manière extrêmement sérieuse et professionnelle, par une équipe d'archéologues, historiens, anthropologues, architectes et ingénieurs, soucieux du respect des protocoles internationaux les plus stricts, en particulier ceux de l'UNESCO.


Parmi ceux-ci, l'architecte et ethnologue Salima Naji, domiciliée à Tiznit (notre photo-montage).


La porte de marbre blanc de 1746 a dû être démontée. Photo Agadir Première

Le chantier a commencé le 1er juin 2020 par l'étude archéologique des murailles. Les fouilles menées durant sept semaines ont permis de constater que les murailles visibles jusqu'ici n'étaient pas originales. Pire, de nombreux désordres graves entraînaient la dislocation des éléments entre eux. Une partie du monument menaçait de s'effondrer.


C'était particulièrement le cas de la porte de marbre blanc bilingue en hollandais et en arabe, datée de 1746, qui avait résisté jusqu'ici aux aléas du temps, et qui a été démontée le 30 juin du fait du délitement du mur qui la supportait (photo Agadir Première).


Exposé à la mer, tout le rempart Sud avait été rénové de façon inadéquate en béton armé, il y a 20 ans, selon des techniques inappropriées non-documentées. L'incompatibilité des matériaux modernes et anciens a eu des effets désastreux.


Les travaux de restitution des remparts de la Kasbah d'Agadir ont commencé (photo Ahdath).

Finalement, la muraille Sud reconstruite en pierre est tombée d'elle-même, emportant une partie du mur plaqué autour de la porte de 1746 qui avait heureusement été démontée peu auparavant.


A fin juillet, après une pause découlant de la fête de l’Aïd El Kébir, les premiers travaux de restitution des remparts comme ils étaient à la veille du tremblement de terre ont démarré (notre photo ci-dessus Ahdath), en commençant par les façades regardant la ville et la mer, qui sont les plus délicates.


Les antennes qui enlaidissent le site seront déplacées. Les éléments en ciment seront curetés et démolis. Les responsables du chantier promettent que l'accès par l’entrée Nord-Est sera aménagé pour assurer la visite des murailles restituées.


Dès que les remparts auront été restaurés commencera la mise en place du platelage destiné à la visite (notre photo : un exemple de platelage en bois).


"Ce parcours sur platelage en bois surélevé prévoit une signalétique avec photos d’archives et explications en reprenant le dessin des ruelles d’avant-séisme", annoncent les responsables du projet. Son but consistera à faire comprendre l'histoire du site tel qu'il était (photo d'archives), tout en offrant une vue panoramique sur l’océan et la ville. Le parcours sera installé au-dessus des sépultures des disparus de 1960, dans une posture de respect. 


Un sismographe viendra enregistrer le pouls de la Terre et expliquer les conditions du séisme de 1960. Une aire de services comprenant WC, buvette et billetterie sera aménagée à proximité des murailles pour être le moins visible possible.


Matériaux locaux


Dans une seconde étape, les remparts Nord et Ouest, ainsi que l'entrée principale seront restaurés. Placé entre les trois tombeaux historiques de la citadelle, un mémorial œcuménique aménagé avec des matériaux ancestraux accueillera le public qui le souhaite. Des sentiers botaniques, jalonnés de dispositifs pédagogiques, permettront aussi de s’assurer de la protection de la faune et la flore. Une signalétique est prévue.


Un service de bus permettra d'accéder à la Kasbah lorsque celle-ci aura retrouvé vie. Une seconde aire de service sera installée au départ. Elle est annoncée en pierre de la falaise pour bien s’intégrer à l’environnement. Ces intentions très louables quant à l'utilisation des matériaux locaux font penser au coeur réhabilité de Tiznit. La patte, sans doute, de Salima Naji.


Mémoire d'Agadir et facteur d’identité, la Kasbah revivifiée devrait être complètement terminée en 2024. Elle aura coûté 120 millions de dirhams, soit 12 millions d'euros environ, ce qui n'est pas trop cher si la Kasbah devient le bijou qu'elle promet.



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