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Photo du rédacteurJean-Luc Vautravers

La destruction du village de pêcheurs de Tifnit ressentie comme une très profonde blessure

Dernière mise à jour : 31 déc. 2023



Le mois de décembre 2023 restera marqué à tout jamais d'une pierre noire, très noire, dans l'histoire du village de pêcheurs de Tifnit, situé à une quarantaine de kilomètres au sud d'Agadir, à l'intérieur du Parc national de Souss Massa. Le 6, le directeur de l'équipement de la province de Chtouka Aït Baha, Mohamed Zouhair, diffuse une information, exigeant la remise dans son état initial des habitations construites de manière illégale, cela dans le délai de cinq jours. Stupeur, effondrement et incompréhension des quelque 200 habitants plus ou moins réguliers du village, principalement des pêcheurs, dont certaines familles vivent là depuis des générations. Le cœur serré, certains fuient Tifnit avec leurs maigres biens. Des défenseurs du village, principalement des étrangers, lancent une pétition et organisent une manifestation. Les appels aux autorités restent lettre morte. Le 25, aucune démolition volontaire n'ayant eu lieu, les pelles mécaniques entrent en action et détruisent tout, mais vraiment tout, sur leur passage (voir ci-dessus la vidéo de Michel Terrier). Le 28 décembre, elles recouvrent de terre les gravats accumulés par les trax. Tifnit a complètement disparu. Il ne reste plus rien de la petite bourgade décrite comme la seule du genre à avoir subsisté au Maroc.


Les circonstances de la disparition de Tifnit sont largement ressenties comme une très profonde blessure. D'autant que l'information comminatoire de la Direction de l'équipement ne serait pas parvenue à tous les occupants des demeures du village et qu'elle était rédigée exclusivement en arabe. Rien n'y a fait, même pas les prières de ce croyant se prosternant en direction de La Mecque (photo Rachid Aït Sagh).


Selon une information diffusée sur Facebook, un professeur retraité aurait été maltraité par les forces de l'ordre qui lui auraient intimé l'ordre de sortir de sa maison. Le malheureux aurait alors fait un malaise cardiaque et serait décédé, sans que des soins ne lui soient apportés.

Le charme désuet qui se dégageait de Tifnit était apprécié. Des Français et des Belges y avaient même aménagé des habitats pour eux et leurs amis. Voici l'intérieur de l'un d'eux, particulièrement réussi. Le Riad Tifnit Acienda rencontrait même un grand succès malgré un environnement délabré. Les habitants se glorifiaient de s'alimenter en eau par leurs puits et de produire leur propre électricité.


Tifnit était aussi devenu un lieu de rendez-vous des gastronomes, amateurs des fruits de mer et des poissons pris au large par ses quelque 120 pêcheurs. On pouvait les acquérir à bon compte sur la plage ou les déguster dans des gargotes aux noms pittoresques qui étaient autant de clins d'oeil : Chez Maxim's et le succulent homard de Bouba (notre photo), ou encore La Tour d'Argent et Le Fouquet's.


Il est vrai que le point noir de ces restaurants était l'hygiène, qui était le plus souvent médiocre.


A Tifnit, comme dans beaucoup trop d'endroits du Royaume, on butait aussi sur des amoncellements de déchets (notre photo) : bouteilles et sacs en plastique, cannettes et reliquats alimentaires de toutes sortes.


La vétusté de certaines constructions qui auraient pu menacer ruine et la présence de squatters engendrant paraît-il un sentiment d'insécurité ont été cités à l'appui des mesures prises par les autorités (notre photo).


Du point de vue juridique, ces dernières ont la loi de leur côté, à défaut d'avoir le sens du respect de la population et du dialogue avec elle.


Les habitations dont il ne reste rien (photo Rachid Ait Sagh) avaient été aménagées sur le bien maritime inaliénable, dont l'Etat ne peut autoriser l'utilisation que moyennant une autorisation d'occupation temporaire. Or aucun document de ce type n'a pu être produit, du moins d'après ce qu'on en sait. C'est dire que les dommages et intérêts ne seront pas faciles à obtenir devant les tribunaux. Il n'empêche : des plaintes ont été déposées par de nombreuses personnes devant le Tribunal administratif d'Agadir.

2 Comments

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Guest
Dec 29, 2023

19 ans d'aventures dans cette zone qui pour mois etait une carte postale . Un endroit authentique plaisir des yeux, des moments inoubliable qui resterons gravé a jamais dans ma tête .Je suis triste pour tous ses pêcheurs .


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Guest
Jan 03
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C est le progrès paraît il ? Plutôt la désolation et la misère pour les habitants

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