Il était au fond du trou. Tel le phénix, le projet de station balnéaire de Taghazout renaît de ses cendres, mais redimensionné de manière plus modeste. Un protocole d'accord vient d'être signé à Rabat (première photo) sous l'égide du tout jeune ministre du tourisme et de l'artisanat, Yassir Zenagui (deuxième photo), et de son prédécesseur à ce poste, le wali de la région Souss Massa Drâa, Mohammed Boussaid (troisième photo). Ce dernier est entré en fonction à Agadir en mars dernier.
Il n'a donc pas fallu attendre longtemps pour que le dossier, qui menaçait de s'enliser et qui suscitait de nombreuses spéculations (voir Taghazout : le projet sauvé par l'ONA de la famille royale ?), ne reprenne le large. Tant mieux pour les perspectives de développement et d'emploi ! Quelque 20'000 postes de travail seraient ainsi créés à terme, soit de manière directe, soit de manière indirecte.
La solution du re-décollage du projet a été trouvée avec des sociétés marocaines appelées à la rescousse : la Caisse de dépôt et de gestion (35 % du capital), le Groupe Alliances (20 %), poids lourd du secteur de la construction marocaine déjà engagé dans le projet voisin de Tifnit (L'eco village de Tifnit dès 2011 dans la Parc national de Souss Massa), la société Sud Parteners (15 %), groupement d’entreprises de la région emmené par le groupe Akwa d'Aziz Akhannouch, ainsi que la Société marocaine d'ingénierie touristique (5 %). Porteur du projet jusqu'à l'année dernière, le fonds de pension américain Colony Capital demeure associé de manière importante à l'opération (25 % du capital).
Les travaux, nous dit-on, devraient redémarrer l'an prochain. L'accord intervenu prévoit la création d'une société de développement commune, qui sera désormais chargée du projet. Cette société effectuera un premier investissement de l'ordre de six milliards de dirhams (un peu moins de 600 millions d'euros). On est loin des ambitions pharaoniques du premier projet. Alors que Taghazout ambitionnait au départ la création de 21'000 lits, la nouvelle version ne compte plus que 8'000 lits, dont 5'800 dans des murs d'hôtels.
La nouvelle Taghazout se veut "eco-ressort touristique de faible densité", c'est-à-dire de haut de gamme, comparable à la station de Mazagan ouverte il y a bientôt une année (première photo - voir Ouverture de Mazagan, nouvelle station balnéaire à El Jadida). Les constructions ne devraient pas occuper davantage que 6 % des 620 hectares réunis pour constituer le projet. Outre ses hôtels et appartements, Taghazout comprendra un golf de 18 trous (le premier projet en comptait deux), des cafés, des restaurants, des magasins et des galeries.
Les initiateurs prévoient également un village de surfeurs, un village de vacances dans l'esprit des "Center parcs" familiaux dont on compte bientôt une quinzaine d'unités en Europe (deuxième photo), ainsi qu'un camping de niveau international qui complétera celui tout proche d'Imim Ouadar (troisième photo - voir Atlantica Parc Camping près d'Agadir : un quatre étoiles populaire).
Il n'est plus question d'une nouvelle médina (première photo, celle d'Agadir) ni d'un institut de l'arganier (deuxième photo - voir L'huile d'argan enfin protégée par un label IGP). L'ensemble se veut en revanche toujours davantage respectueux de son environnement et du développement durable. Le ministre du tourisme et de l'artisanat a annoncé "des systèmes intelligents" pour la gestion de l'eau, l'énergie renouvelable, ainsi que l'utilisation de matériaux locaux et d'artisanat. Qui vivra verra !
Alors que la première mouture ambitieuse s'inscrivait dans le cadre du Plan Azur 2010, Taghazout nouvelle formule entre dans le cadre d'une extension de ce plan, nommée Vision 2020 (troisième photo). Ce programme suscite toutefois la grogne des opérateurs régionaux, qui se plaignent de n'avoir pas été associés à sa mise en place.
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