Le voile n'est pas une exclusivité de l'islam d'aujourd'hui. Dans les pays bordant la Méditerranée, il a été porté pendant des millénaires par les femmes, qu'elles soient païennes, musulmanes, chrétiennes ou encore juives. Pour preuves, sur la première photo cette Napolitaine porte un voile de type vénitien, sur la deuxième on aperçoit un voile catholique dit de Bethléem, qu'on pourrait d'ailleurs confondre avec une parure berbère, et sur la troisième cette coiffe immaculée est celle d'une juive tunisienne accompagnée de sa fille.
A quelles fins ces Méditerranéennes ont-elles de tout temps porté un voile ? Dans le but d'éviter les effets du soleil, de conserver la peau la plus blanche possible, synonyme alors de beauté, mais aussi pour signifier l’oisiveté, donc l'opulence, de celle qui le portait. Le foulard était aussi censé protéger les femmes mariées du mauvais œil. Il a été abandonné dans la première partie du 20e siècle pour des raisons pratiques et de mode, au point d'apparaître ensuite comme archaïque, et pas seulement dans les pays de culture occidentale.
Il y a 20 ans à Alger, une jeune fille qui portait le foulard était moquée par ses camarades de classe et ne devait le port du voile qu'à la nécessité dans laquelle elle se trouvait de couvrir ses cheveux parce qu'elle ne disposait pas des moyens de se faire joliment coiffer.
Ce sont les messages, convaincante iconographie à l'appui, que transmet Leyla Belkaïd, enseignante à la Filière mode de la HES de Genève et d'origine algérienne (première photo), dans l'ouvrage qu'elle vient de faire paraître sous le titre sobrement intitulé "Voiles" (deuxième photo), aux Editions Vestipolis, à Paris, qu'elle a créées pour l'occasion.
S'éloigner du discours obtus
De vieilles cartes postales souvent colorisées (sur la dernière photo, une femme arabe de Tanger en costume de ville) et en face des textes courts, en français et en anglais, forment un ouvrage "beau comme un trésor", selon le quotidien "Le Temps". Ce dernier estime que cette brève histoire des drapés, mantes, foulards, haïks et autres voilettes autour de la Grande Bleue dépasse ainsi les clichés des uns et des autres. "Surtout, on s’éloigne du discours souvent obtus pour ou contre le voile. Et cela rend le jugement plus subtil". On ne saurait mieux dire.
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