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Photo du rédacteurJean-Luc Vautravers

Mariage marocain ou salle d'attente richement décorée?

Dernière mise à jour : 11 févr. 2020


Ces dames et leur caftan - Photo Jean-Luc Vautravers

Ce mariage marocain a eu lieu en juillet dernier, à Agadir. Des bâtiments destinés à cet effet, les plus vastes de la ville, avaient été réquisitionnés. Il s'agissait en effet d'un mariage entouré d'une volonté évidente de prestige, unissant un promoteur immobilier de Marrakech à une jeune fille du Souss appartenant à une riche famille.


L'accueil est à la hauteur : une allée de tapis, de lumières et de plantes évoquent les plus grands palais. Un groupe de danseurs et chanteurs typiques de Houara (ancien nom d'Ouled Teima, toujours utilisé) crée l'ambiance festive souhaitée. A l'intérieur (photo ci-dessus) l'assistance est groupée autour de tables de dix personnes. Exceptions familiales mises à part, les tables sont totalement féminines ou masculines.


Les caftans qui mettent à mal le budget familial


Décoration des 1001 nuits ! Les femmes arborent des caftans se voulant tous plus clinquants, brodés, dorés et colorés les uns que les autres. Ces robes d'apparat, avec foulard assorti, coûtent des fortunes, qui mettent souvent à mal le budget familial, d'autant qu'elles impliquent une surenchère d'élégance : un cafetan n'est jamais porté deux fois ! Et comme le nombre de mariages auxquels ces dames se pressent est considérable, on imagine le tableau... et l'état du porte-monnaie.


Quant à savoir si les caftans mettent vraiment en valeur celles qui les portent, la question est à mon avis ouverte...

Mohamed Bouhdoud Boudlal, président d'Ouled Teima (à gauche) - Photo Jean-Luc Vautravers

La cérémonie est annoncée pour 19 h environ. Les hommes avec qui j'ai été invité ne s'y hâtent pas, n'étant pas particulièrement attirés par ce genre d'événement, mais se faisant un devoir d'y participer vu leur lien de parenté avec la mariée.


Les cadeaux déposés à l'emplacement prescrit, qui forment déjà une petite montagne, nous nous dirigeons vers la table ronde qui nous a été attribuée. Dans l'attente du début de la cérémonie, je pensais qu'on nous servirait à boire. Mais rien ! Un orchestre moderne finit par répéter quelques airs modernes. La salle est maintenant comble. Plusieurs centaines de personnes ont répondu à l'invitation. Les mariés ? Soeur, ma soeur Anne, ne vois-tu rien venir...


Un dérivatif bienvenu se produit lorsque débarque le président de la ville d'Ouled Teima (à gauche sur la photo ci-dessus). Mohamed Bouhdoud Boudlal salue et remercie avec force sourires les personnes qui se trouvent avec moi et qui viennent de contribuer à le faire réélire.

Au terme de quatre heures d'attente, nous quittons ces lieux richement décorés - Photo Jean-Luc Vautravers

Minuit arrive...


Cet épisode clos, l'attente se poursuit. Toujours rien à boire. 22 heures se passent, 23 heures arrivent. Ces dames babillent dans leur coin. Les hommes tentent de tuer le temps, sortent pour voir si le Marrakchi et sa belle se pointent. Mais non...


L'impatience me gagne et commence à être perceptible sur le visage de certains de mes voisins. Apparemment davantage habitués à ce type de sur-place, d'autres semblent moins agacés. Minuit survient. C'en est trop. Nous estimons que la (mauvaise) plaisanterie a assez duré et nous quittons cette salle d'attente richement décorée. Pour ma part, habitué à la précision helvétique, je considère avoir suffisament subi ces marques d'impolitesse.


Nous apprendrons le lendemain que finalement les mariés sont arrivés aux environs de... trois heures. Selon nos témoins, la nuit a été fort plaisante. Tant mieux pour eux... Cette longue attente méritait bien une compensation.


Trois mois après, le divorce était annoncé.

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