Ainsi donc, tandis que les Etats-Unis considèrent désormais l'ancien Sahara espagnol comme partie intégrante du Royaume, le Maroc et Israël viennent de renouer officiellement les relations diplomatiques interrompues au début des années 2000 par le Royaume, qui avait reconnu Israël en 1994 déjà. Des échanges d'ambassadeurs entre les deux pays sont annoncés, de même que des vols directs de Tel Aviv en direction de plusieurs aéroports marocains. Ce rapprochement a des racines historiques très fortes. Je les symbolise ci-dessus par le magnifique chandelier à neuf branches en argent de la fête de Hanouka qui illumine de son éclat mon Salon Atlas. Je l'ai déniché dans une boutique de Taroudant, tout au fond d'une étagère poussérieuse.
Avant la création de l'Etat hébreu, le Maroc comptait la plus importante communauté juive d'Afrique du Nord. Selon les estimations les plus sérieuses, les Israélites étaient entre 250'000 à 300'000. Leur départ avait été ressenti, et est toujours ressenti, comme une amputation par de nombreux Marocains, qui vivaient en paix avec les juifs. Les liens entre juifs et berbères étaient particulièrement forts.
A Marrakech
La culture juive baigne encore le Maroc d'aujourd'hui. Même s'il n'y subsisterait plus que 1'500 à 3'000 juifs, les traces du peuple de David sont toujours évidentes.
De nombreuses villes conservent leur mellah, dénomination pour tout ancien quartier juif. C'est par exemple le cas à Marrakech. La synagogue du Mellah que j'ai visitée est toutefois fort modeste. Peut-être même a-t-elle disparu depuis mon passage, en 2007. Beaucoup plus imposante, rutilante même, la synagogue Salat Al Azama (photo ci-dessus) rappelle, elle, l'époque des 32 synagogue de la Ville ocre.
D'Essaouira à Taroudant
La cité d'Essaouira demeure le fief juif par excellence. Lieu de dialogue entre les cultures, elle bénéficie d'une superbe restauration, qui est en cours et englobe sa dimension israélite.
Les quelque 700'000 Israéliens d'origine marocaine ont souvent gardé des liens indélébiles avec le Royaume, son dialecte darija, ses traditions culinaires et musicales. Il se trouve qu'un des lieux les plus vénérés des Juifs pratiquants est le mausolée de Rabbi David Ben Barroukh Cohen Azogh, à Aghzou N'bahamou (commune d'Ouled Berhil), à une trentaine de kilomètres de Taroudant. Les pèlerins y accourent nombreux.
La ville aux plus belles murailles du Maroc a reconverti son ancienne synagogue en une boutique d'antiquités (photo ci-dessus). Son cimetière juif tout proche continue d'être visité.
La Vallée des cédrats toute proche constitue non seulement une extraordinaire but d'excursion. C'est aussi un lieu de mémoire. Les Berbères du lieu sont depuis des siècles, et peut-être des millénaires, les gardiens de la culture traditionnelle des cédrats, aussi appelés etrogs ou אתרוג. Ces citrus de la famille des orangers et des citrons sont très prisés des juifs, car ils sont utilisés durant la fête des Cabanes. Selon certains érudits hébraïques, seuls les cédrats de l'oued Assadss sont cultivés selon les critères de la tradition, puisque les arbres y sont francs, c'est-à-dire non greffés.
Le Jardin aux Etoiles rend hommage à cette tradition (photos ci-dessus) en faisant pousser trois cédrats, deux à l'entrée, un troisième côté ouest.
Afflux attendu
De 30'000 à 50'000 Israéliens d'origine marocaine visitent chaque année le pays de leurs ancêtres, dont certains y ont vécu plus de 2'000 ans. Les liaisons aérienne directes envisagées par plusieurs compagnies, d'un coût moins élevé que les vols avec escale, contribueront évidemment à augmenter ces chiffres. On s'attend à terme que jusqu'à 150'000 touristes israéliens prennent la direction du Royaume. Bienvenue !
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