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Photo du rédacteurJean-Luc Vautravers

Musique des Gnaoua : reconnaissance mondiale méritée, grâce à l'UNESCO

Dernière mise à jour : 29 juil. 2022

La musique des Gnaoua a été inscrite au patrimoine immatériel de l’Unesco le 12 décembre 2019. Un an déjà ! Cette proclamation m'avait ravi. Je venais en effet d'enregistrer avec un plaisir rare la vidéo ci-dessus : un groupe de 12 musiciens gnaoua chantant, dansant et faisant de la musique à Anza, quartier nord d'Agadir, non loin des empreintes de dinosaures qu'il faut avoir vues pour leur intérêt scientifique, mais aussi pour la beauté extrême de ces rochers affleurant dans l'Atlantique. Regardez cette vidéo, et admirez la beauté de l'habit immaculé, blanc et doré, porté par ces hommes.


La musique gnaouie est une tradition spécifiquement marocaine. Elle est interprétée par les descendants d’anciens esclaves originaires d’Afrique subsaharienne, dans la plupart des cas vendus par des marchands arabes. La traite des noirs, probablement présente dès le VIIe siècle, ne s’acheva qu’avec le Protectorat franco-espagnol, qui eut de bons côtés, principalement grâce à Hubert Lyautey, mais aussi de moins bons, personnifiés par exemple, à Ouled Teima, par le caïd Bouchaïd Ben Korchi ou à Casablanca par le mauvais génie du Protectorat Philippe Boniface.


L'art des Gnaoua associe rituels africains et culte des saints vénérés par les populations locales. Il représente aujourd’hui une des multiples facettes de l’identité culturelle marocaine.

Les musiciens gnaoua jouent du guembri, sorte de luth-tambour à trois cordes composé d’un manche rond qui s’enfonce dans une caisse de résonance en peau de dromadaire. Ils accompagnent le guembri de castagnettes en acier appelées qraqeb (première photo).


On voit de plus en plus des groupes gnaoua se produire dans la région d'Agadir. La boîte de nuit So Fun de l'hôtel Sofitel, qui est actuellement fermé, en accueillait volontiers (deuxième et troisième photos).


Populaire grâce au Festival d'Essaouira


Dans le Royaume, alors que sa place était auparavant réduite à la portion congrue, la musique des Gnaoua est devenue populaire depuis la création, en 1997, du Festival gnaoua d’Essaouira, Musiques du monde, qui propose un métissage musical unique et attire des amateurs du monde entier. La filiation africaine noire favorise la fusion avec le blues ou le jazz. L'homme d'Essaouira, André Azoulay, par ailleurs conseiller personnel du roi Mohammed VI, s'est félicité de la « reconquête » de dignité d’une « communauté longtemps marginalisée ».


Dans nombre de villes du Maroc, des groupes accompagnés de maîtres musiciens se créent et organisent à leur tour des festivals locaux. Les jeunes y sont nombreux. Cette culture si particulière semble donc en bonne voie d'être transmise aux nouvelles générations, qui sont prêtes à prendre la relève, encouragés qu'elles sont par le classement au patrimoine immatériel de l'UNESCO et le succès rencontre auprès des visiteurs étrangers.

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