A mes yeux, les restaurants de Marrakech constituent par leur diversité et parfois leur originalité un des attraits principaux de la Ville ocre. Mais il faut se montrer sélectif, compte tenu aussi des prix parfois affichés ! Un excellent guide britannique virtuel nommé Food snob honore l'un d'entre eux, Dar Marjana, et flétrit deux autres, la Maison arabe et Bô-Zin, pourtant très en vogue.
J'accorde un grand crédit aux jugements de Food snob, fondés sur une indiscutable indépendance d'esprit et précédés d'un descriptif factuel et très british de chaque plat goûté. A l'exemple du Michelin, l'identité du ou des auteurs n'est pas révélée. Mais on devine du tout grand calibre !
Dar Marjana a séduit le guide par son ambiance (ci-dessus le patio où est servi l'apéritif au son de la musique gnaoua) et la qualité de ses mets. La pastilla au pigeon, accompagnée d'une galette de pigeon et d'un tagine de poulet souiri, qualifié de "leçon de cuisson", ne récolte que des éloges, mis à part le côté "un peu trop sucré" de la pastilla. D'où la "mémorable soirée" qu'on y passe et la très vive recommandation du guide.
La Maison arabe est considérée comme le plus ancien restaurant marrakchi proposant une carte marocaine. Ouverte en 1947 dans une vieille ville "pouilleuse" alors peu considérée, tandis que le quartier de Gueliz figurait au summum du chic, elle bénéficia de l'appui bienveillant du Glaoui, alors pacha de Marrakech (voir Le fils du Glaoui peintre apprécié de Mohamed VI - Est-ce si paradoxal que cela ? et Taliouine, Telouet : même combat ! SOS Unesco ? Non SOS Maroc !). Le Gotha s'y pressa. Le grand amoureux de Marrakech que fut Winston Churchill y avait sa table. La magie des lieux demeure intacte. La rénovation intervenue entre-temps a transformé la Maison arabe en un petit bijou hôtelier et a éclairci la salle à manger (ci-dessus). Superbe mariage de couleurs ! Observez en particulier le plafond peint.
La cuisine est réalisée par des "dadas", nounous marocaines en possession du meilleur savoir-faire. Elle n'a néanmoins pas trouvé grâce aux yeux de Food snob. "Désagréablement graisseuse", la pastilla a fait "pâle figure" comparée à celle de Dar Marjana. Le critique gastronomique loue le tagine de coquelet aux figues et à l'huile d'argan mais descend en flammes la pastilla au lait et aux amandes (ci-dessus), dont il a trouvé le goût "moins que satisfaisant".
En outre, il n'a pas de mots assez durs pour qualifier "le pire serveur" qu'il ait jamais rencontré : impatient, inefficace, sarcastique, susceptible et gonflé "comme un enfant" ! N'en jetez plus ! Food snob ne précise pas si ledit serveur était un Parisien infatué comme on en rencontre trop sur les Grands Boulevards ou un Berbère confondant la Maison arabe avec un champ de bataille contre les maîtres de l'ex-Protectorat...
Le pire est réservé à Bô-Zin où le critique gastronomique avoue avoir enduré une "tragédie" culinaire. Cette adresse mode de la route de l'Ourika dotée de 400 places assises (!) est le rendez-vous obligé des happy few et, du point de vue de la table, le lieu de métissage de la cuisine thaï, de la tradition marocaine et de la touche contemporaine.
Food snob ne mégote pas son admiration pour la déco (ci-dessus), mais tombe à bras raccourcis sur la qualité de l'assiette. Il dit son insatisfaction et sa déception, à la seule exception d'un tagine d'agneau aux noix et aux truffes marocaines. Le reste du repas s'est révélé médiocre et "au mieux digne d'oubli".
De l'avis de Food snob, Bô-Zin est davantage un bar adéquat pour passer une soirée entre amis qu'un véritable restaurant. Sur la même route de l'Ourika, je recommande pour ma part le Touggana (voir Marrakech : créativité gastronomique au Touggana).
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