La mythique cité de Tafraout, cœur de la berbérité marocaine, et à laquelle le granit rose confère une dimension magique, sera bientôt dotée d'un point d'information et d'un petit musée, ainsi que nous l'a précisé le président de la commune, Brahim Ouchahid. L'enveloppe de pierre et de bois vient d'être achevée. Ce bâti est magnifique, et même époustouflant. Nous l'avons découvert en avant-première, à fin juin 2022, le matin même où il a été remis à l'association qui en assurera la gestion et sera chargée de son contenu. La façade elle-même (notre photo) est altière et annonce un lieu hors du commun.
La pierre est une ancestrale richesse berbère à sauvegarder. La porte majestueuse et le fronton du futur point d'information et musée adoptent la composition typique de l'Anti-Atlas que l'on voit encore dans les villages des alentours de Tafraout. On remarquera les pierres taillées et élancées installées de part et d'autre de la porte. Un symbole qui se veut protection de l'habitat et que l'on retrouve à plusieurs endroits, sur le toit.
La porte d'entrée donne sur un vestibule (photo), où l'on remarque l'importance du bois utilisé. La porte vitrée avec cadre métallique, mais couleur bien adaptée, est une concession de l'architecte, qui n'est autre que Salima Naji, l'omniprésente et infatigable âme motrice de la construction vernaculaire, basée sur la terre crue (pisé), la pierre et le bois, et dont la dernière œuvre, celle de la Kasbah d'Agadir, est spectaculaire. Par cette porte vitrée, on arrivera au point d'information, qui renseignera les visiteurs sur les objets d'intérêt de Tafraout et de sa région.
Les salles du rez-de-chaussée (photo) sont destinées à la mise en valeur des produits locaux, dont l'organisation sera décidée par l'Association de développement touristique du Pays de Tafraout, désormais en charge de cette tâche.
Le plafond est décoré de tataoui, fibres végétales teintées et ordonnées pour en faire des mosaïques. Le nom de ce savoir-faire trouve son origine dans celui de la ville de Tata et de l'oued du même nom.
Basé sur l'héritage d'une ancienne bâtisse de l'époque coloniale, le bâtiment a été construit par une petite entreprise de la vallée du Drâa, conduite, à Tafraout, par Lahcen Aït Ali Ydir (photo). Celui-ci nous a confié avoir beaucoup appris sous la férule très attentive de Salima Naji, qui n'a pas pour habitude de laisser les entreprises de construction s'écarter des normes qu'elle définit. Il dit avoir été parfaitement convaincu par la construction vernaculaire, qu'il souhaite désormais promouvoir.
Un petit jardin (photo) a été créé à l'est du bâtiment. Il comprend évidemment des plantes qui s'adaptent bien au climat de Tafraout, située à 1'200 mètres d'altitude et aux étés très secs. C'est ainsi qu'on y trouve différentes sortes d'euphorbes, des agaves, ainsi que des oliviers et des amandiers. Ces derniers constituent l'un des atouts de la région. Un Festival des amandiers y a lieu chaque année, en principe début mars.
L'enveloppe étant achevée, et réussie, il reste maintenant à atteindre un autre objectif : celui d'un contenu parfaitement digne du contenant.
Gageons que Salima Naji (notre photo-montage) y aura l'œil, et le bon ! Il est également prévisible que le chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, natif de Tafraout, s'y intéresse.
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