Au Maroc, les déclarations publiques du roi ont valeur d'obligation absolue et de garantie, bien au-delà des intentions du gouvernement, qui se cantonne dans un rôle d'exécutant. C'est pourquoi, dès les orientations du roi Mohammed VI exprimées en faveur du développement d'Agadir et de la Région Souss-Massa, les réunions se sont succédé. Les grands et les petits responsables font flèche de tout bois, afin d'éviter de se voir reprocher inaction ou retard, sources de colères royales dévastatrices, si ce n'est de remaniement ministériel, comme celui qui s'est produit l'été dernier !
Branle-bas de combat donc à l'état-major de l'Office national marocain des chemins de fer (ONCF). Les réunions, nous dit-on, s'y sont succédé. L'objectif consiste de ressortir des tiroirs un projet de ligne TGV Marrakech-Essaouira-Agadir, déjà étudié, pour longer la côte atlantique afin d'éviter l'Atlas, mais en l’actualisant vu le succès du Tanger-Casablanca.
Une liaison en une heure
Le directeur général de l'ONCF, Mohamed Rabie Khlie, a déclaré (voir la vidéo ci-desssus) que les terrains en vue de faire sortir le TGV de Marrakech et ceux destinés à l'arrivée du train à grande vitesse à Agadir ont déjà été acquis. Si on accorde foi à ses paroles, une surface de 40 hectares est ainsi disponible à la sortie de Marrakech, "tellement on croit au projet".
Alors même que le ministre des transports avait affirmé il y a peu qu'il ne fallait plus l'interroger sur les délais de ce projet, la durée des travaux devrait être annoncée plus ou moins prochainement, tout comme son financement. Une estimation déjà ancienne évaluait le coût d'une liaison classique Marrakech-Agadir à 17 milliards de dirhams (un peu plus de 1,5 milliards d'euros).
Le Ministère de l'équipement avait, lui, évalué le coût de l'investissement d'une ligne TGV entre 22 et 23 milliards de dirhams (2,1 milliards d'euros environ). Si le coût du TGV est de cinq milliards de dirhams supérieur, le gain de temps d'une ligne à grande vitesse est décisif Il atteint en effet une heure de voyage entre les deux cités, y compris un arrêt à Essaouira, contre quatre heures pour une liaison classique. L'idée serait aussi d'étudier des prix de billets populaires, afin d'assurer un succès identique à la ligne Tanger-Casablanca.
Duel Chine-France
L’endettement de l'ONCF a atteint son plafond. Il paraît dès lors très peu probable que l'Office marocain soit à même de participer au tour de table en vue du financement.
Dans les coulisses, les pourparlers semblent aller bon train afin de choisir le partenaire du Maroc. Il s'agit aussi d'étudier des prix de billets populaires, pour assurer un succès identique
En 2016 déjà, ainsi que nous l'avions signalé, l'ONCF et China Railway avaient examiné comment pourrait se concrétiser le tronçon entre Marrakech et Agadir. Entre-temps, certains considèrent que les Chinois sont favoris en vue d'emporter ce marché, d'autant que, selon certaines sources, leur offre serait la plus économique.
La France, elle, sous l'impulsion de Nicolas Sarkozy, avait co-financé la ligne TGV Tanger-Casablanca, inaugurée par Emmanuel Macron et Mohammed VI à la fin de 2018. Il serait logique que la France veuille remettre le couvert, en capitalisant sur le succès du Tanger-Casablanca et l'avantage qu'il y aurait de disposer d'une même technologie sur toute la ligne envisagée.
Il était d'ailleurs question d'un prochain voyage du président français au Maroc. C'est désormais officiel : celui-ci se tiendra les 12 et 13 février 2020. Tiens, tiens...
Une déclaration d'intention entre Rabat et Paris
Compte tenu de ses relations historiques très spéciales avec le Maroc, la France tient la corde. On en a encore eu la preuve, ce 19 décembre, lors de la 24e Rencontre de haut niveau France-Maroc, tenue à Paris et présidée par les deux premiers ministres respectifs, Edouard Philippe et Saâd Dine El Otmani (photo ci-dessus).
Le magazine "Telquel" a rapporté que le projet d'extension du TGV entre Marrakech et Agadir a bel et bien été évoqué. “On a insisté sur l’importance de cette coopération en matière de TGV, entre Tanger et Casablanca, qui est une réussite. Ça veut dire que la coopération est réussie. Et on est très confiant pour l’avenir”, a d’abord fait savoir El Othmani.
Edouard Philippe a pour sa part révélé qu’une “déclaration d’intention” a été signée, ce 19 décembre au matin, avec comme objectif de “développer la coopération dans le domaine du transport ferroviaire”. Pour le Premier ministre français, cette ligne est “un sujet emblématique” du partenariat entre les deux pays.
Toute une série d'accords ont par ailleurs été signés pour "impulser une nouvelle dynamique au partenariat liant les deux pays". Ces textes concernent les domaines économique, social, culturel, de l’urbanisme, de la propriété industrielle, de l’enseignement et de la coopération décentralisée.
Le Maroc premier pays des investissements français en Afrique
Parallèlement, des entretiens se sont déroulés avec des membres des deux associations patronales respectives. La France est le deuxième client et le deuxième fournisseur du Royaume. C'est l'Espagne, pays géographiquement le plus proche du Maroc, qui en est devenu le premier partenaire commercial. Comptant plus de 900 filiales d'entreprises françaises recensées, le Maroc est toutefois le premier bénéficiaire des investissements français sur le continent africain. La France est aussi le premier pays d'origine des transferts financiers des Marocains de l'étranger et des touristes.
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